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Termites Factory (Darryl Ouvremonde), l'interview

Par -- David --
4 décembre 2015
Termites Factory (Darryl Ouvremonde), l'interview

Si Termites Factory ne vous dit pas grand chose pour le moment, vous avez sans doute entendu parler des trois artistes qui la composent. Trois de ses créateurs sont des noms qui sonnent dans l’oreille des amateurs de bandes dessinées ou de romans de fantasy. Olivier Peru a écrit les romans de Fantasy, Martyrs, Druide. Il a aussi travaillé sur la série Hero Corp de Simon Astier ou les bandes dessinées Elfes et Zombies.Nicolas Mitric, lui, a repris la bande dessinée Kookaburra créée par Crisse. On lui doit aussi la série Tessa Agent Intergalactique ou 7 Dragons. Quant à Remi Guerin, il est le scénariste de City Hall ou de Pinkerton. Ils sont tous trois accompagnés parSylvain Dos Santos qui a officié comme producteur pour de série animée comme Baskup ou Lolcats. Pour offrir une nouvelle dimension à leur travail, ils ont décidé de s’associer et de créer ce studio. Leur aventure commune s’est ouvert sous les meilleurs auspices. Leur projet de livre, Darryl Ouvremonde, proposé sur la plateforme de financement participatif Ulule, détient le deuxième meilleur démarrage de l’histoire du site. En effet, ils ont réuni en l’espace de treize minutes les dix mille euros qu’il désirait pour financer leur projet.

Rémi Guérin a bien voulu répondre à nos questions. Il nous parle de la raison qui les a poussés à former un studio ensemble et surtout des multiples projets qui les accaparent.

  • Comment est née l’idée de créer Termites Factory ?

L’idée est née il y a un an et demi. Au départ, c’était une idée qu’on avait en commun avec Olivier Peru, Nicolas Mitric et moi. On est auteurs depuis plus de dix ans de bande dessinée. On avait la volonté de pouvoir travailler sur des licences qui sortiraient du champ restreint de la bande dessinée. Or, le seul moyen de le faire aujourd’hui, c’est soit de faire un grand succès et espérer que ton éditeur ait envie de le développer et de prendre des risques sur autre média ou alors tu le fais toi-même.

Donc l’idée, ça a été de se dire : faisons nous-mêmes ce que l’on a envie de faire. Arrêtons de nous plaindre dans notre coin. Réunissons-nous. Réunissons nos compétences. Aujourd’hui, Olivier fait du roman, de la bande dessinée et travail pour la télé. Nico fait de la BD : dessin, scénario, couleur. Moi, je scénarise de la bande dessinée, mais aussi du jeu vidéo. Donc du coup, on s’est dit, mettons nos compétences en commun. On s’est réuni avec un quatrième associé qui lui est producteur de dessin animé. On s’est dit qu’à partir d’aujourd’hui on allait créer nos propres licences. L’histoire que l’on va développer, on va pouvoir choisir de les faire sur les médias que l’on souhaite et l’on va aussi pouvoir les développer sur plusieurs médias en même temps, sans avoir la contrainte de partager cette licence avec un éditeur qui lui n’avance pas forcément au même rythme que nous et qui n’a pas forcément les mêmes ambitions que nous.

  • L’aspect transmédia est vraiment inhérent à votre ADN. Vous voulez vraiment créer une œuvre qui passe d’un média à un autre.

C’est exactement ça. Le point de départ c’était de se dire deux choses, la première était que l’on pouvait écrire des histoires qui pourraient passer sur tous les médias ou tous ceux qu’on souhaitait ou qui étaient logiques par rapport à l’histoire que l’on écrivait. Ça change la manière d’écrire l’histoire de se dire qu’éventuellement on va s’adresser à un public de jeunes spectateurs qui regarde les dessins animés qui ne va pas être le même qui celui qui lit des romans qui n’est pas le même que celui qui lit de la BD. C’est génial en terme d’univers, ça l’enrichit, ça nous oblige à aller chercher les petits détails et surtout ça nous permet d’être producteurs de ces séries-là et du coup de remplir le rôle d’éditeur de producteur qui n’était pas le nôtre avant. On était qu’auteur, entre guillemets « exécutant ». Aujourd’hui, on va plus loin dans la démarche.

  • Donc là, vous êtes vos propres éditeurs.

Exactement. On travaille, tout de même, en collaboration avec des éditeurs, des diffuseurs ou des distributeurs, des chaines de télévision. Tu vois dimanche dernier, on a lancé un crowdfunding pour un roman, un roman écrit par Olivier. Effectivement, ce roman-là, on l’édite nous-mêmes. On l’édite. On le distribue. On le diffuse pour l’instant via la plateforme de crowdfunding Ulule, c’est nous qui nous occupons de tout.

 

  • Je vais d’ailleurs aborder le projet Darryl Ouvremonde. On ressent une volonté de proposer un projet de livre très riche ou se côtoie texte et illustrations.

L’idée c’était d’y mettre toutes nos compétences et nos envies. Comme tu le disais tout à l’heure, comme on ne passe pas par un éditeur « classique », l’avantage, c’est que la seule limite que l’on veut se fixer, c’est la nôtre. On n’est pas contraint par des problématiques économiques qui ne sont pas les nôtres. Là, on essaie d’aller chercher le plus bel objet possible. C’est-à-dire d’avoir un roman dont le récit est le meilleur possible, mais qui va être soigneusement imprimé, sur un papier très épais, illustré avec un maximum de dessins.

Le bouquin que l’on aimerait avoir et qui coûte le prix d’un roman en librairie.

L’idée c’est de se dire ça : allons chercher à la fois un roman, parce que l’idée c’est quand même le contenu et en même temps donnons aux gens la possibilité de mettre un doigt dans l’univers de Darryl à travers des illustrations, à travers des extraits de ce qu’on a appelé l’encyclopédie Amerabilia qui est un livre présent dans l’univers de Darryl dont il y aura des pages dans le roman. C’est une espèce d’immersion, tu es à la fois dans le roman et même temps tu es en train de le lire, donc tu es à l’extérieur. Voilà c’est notre philosophie, notre culture à nous d’auteur, c’est de se dire : offrons la meilleure expérience possible et puis si ça prend, si ça marche, si on a suffisamment de lecteurs que ça intéresse, à ce moment-là, développons l’univers de Darryl par ailleurs. Il y aura peut-être d’autres livres. On est en train de travailler sur un teaser pour un dessin animé pour une chaine de télé. Pourquoi pas un film ? Parce que c’est ça notre objectif pour Darryl à l’arrivée. Enfin voilà, nous sommes en train de travailler sur tout ça, en même temps. Du coup c’est hyper enthousiasmant lorsque tu développes l’univers de te dire : OK, cette idée-là est géniale, elle est très bonne pour le roman, alors que cette idée-là est super, mais pour le roman, elle n’est pas bonne, il vaut mieux la garder pour le film. Tu vois ce genre de chose, c’est aussi une conduite pour se dire quand on a une idée, on n’est plus obligée de la mettre de côté ou de la supprimer parce qu’elle ne rentre pas dans le cadre de ce que l’on veut raconter. On sait qu’elle servira ailleurs sur un autre média et ça, ça nous plait aussi.

  • C’est un film live ?

Oui, c’est un film live. On est des rêveurs sans être des dingues non plus. On ne se fixe pas de limite dans les objectifs qu’on essaie de réaliser et en même temps on sait très bien... on a conscience qu’il y a des problématiques qui peuvent être économiques ou culturelles, mais ce n’est pas grave. On trouvera forcément. On pense que l’énergie, l’envie ouvriront toujours les portes qui nous seront nécessaires. Pour le moment, on se lance, on prend les risques en publiant ce roman sous cette forme-là. Les gens nous suivent, nous accompagnent. On a fait un démarrage exceptionnel. On a réuni dix mille euros, qui était notre objectif, en treize minutes. (rire) C’était incroyable ! Là, où, à l’heure où je te parle, on est aux portes des vingt-cinq mille euros et ça continue. (N.D.R.L’interview a été réalisé le vendredi 27 novembre. Aujourd’hui, le projet a récolté plus de 28 000 euros.) Il nous reste encore vingt jours et on se réjouit de savoir qu’il y a autant de gens qui vont pouvoir lire Darryl qui sont intéressé pour le lire et qui éventuellement, si jamais à la fin, il nous reste un petit peu d’argent ça pourra être investi dans le développement d’un projet en partenariat avec la région avec laquelle on est, pour le lancement d’un scénario pour un film.

  • En fin de compte, vous lancez les idées et celles qui vont prendre, vous allez les concrétiser. Il n’y a pas de restriction à l’imagination et à la volonté.

C’est ça. Après, nous avons totalement conscience qu’il y a nos envies. Il y a ce que l’on veut faire. Il y a l’énergie que l’on met à développer des projets. On a aussi conscience que derrière il y a forcément les lecteurs et les spectateurs, la demande, l’accueil. Là, on essaie de mettre tout ce que l’on a pour faire du mieux possible afin que les gens soient satisfait, heureux, contents, qu’ils aient envie d’en voir plus, pour ensuite leur proposer une expérience encore plus grande. Parce que nous, ce qui nous intéresse c’est aussi de parler à tous les publics possibles.

  • Au-delà de la plateforme Ulule, est-ce que le livre sera disponible en librairie ?

Écoute, à priori, non, pour l’instant. On en a parlé. On veut vraiment récompenser ceux qui nous soutiennent et voir ce que donne le résultat sur Ulule. On n’a absolument pas prévu, pour les raisons que je t’évoquais tout à l’heure, la perspective de le repasser à un éditeur, même si l’on a eu beaucoup de sollicitations. Ce n’est pas du tout une solution que l’on envisage. Maintenant, s’imaginer éditeur, peut-être dans quelque temps, peut-être à l’occasion d’un deuxième roman qui sortirait en librairie et reproposer le un, en même temps. En tout cas, pour ce tome là, au jour d’aujourd’hui, non. Il reste sur Ulule. Il est pour les gens qui nous suivent et qui nous aident à lancer l’univers.

  • Vous savez pour ceux qui l’auront acheté sur Ulule, la date à laquelle il le recevront ?

Oui, courant avril, tu pourras recevoir le bouquin chez toi. Tous les gens qui ont participé et qui ont commandé recevront auparavant une série d’illustrations en PDF, à noël, dans leur boite mail. Le bouquin arrivera en avril, le temps de l’imprimer. Il y a aussi beaucoup de bouquins à signer. Beaucoup de gens ont pris cette option. On est ravi. Donc, il faut que ça transit aussi par chez nous. Le bouquin est pour le moment en phase de relecture. Donc on approche de la fin.Les quatre premiers chapitres sont déjà en ligne.

Ça, c’est un projet. Darryl, c’est notre gros projet du moment, parce que c’est celui sur lequel on se lance, on se met en danger. Mais, on a d’autres projets, par ailleurs qui sont aussi lancé et qui sont moins connus. Un projet de dessin animé. On essaie aussi d’arriver par tous les fronts en disant voilà, aujourd’hui on est un studio d’écriture, on est à la fois une société et une bande de copains. On est soutenu par pas mal de gens, de lecteurs et aussi par notre région et la ville (N.D.R. Nantes) qui nous aide beaucoup.

 

  • Quels sont vos prochains projets exactement, si tu peux en parler ?

On est en train de travailler sur un projet de dessin animé que l’on présentera en début d’année avec Lorànt Deutsch. On a signé un contrat ensemble. On va travailler sur un dessin animé à destination des enfants sur l’histoire avec un grand H qui va être très très chouette et très très fun. Je pense que pour le coup les gamins vont beaucoup rigoler. C’est assez original.

On est aussi en train de travailler sur d’autres livres. On est aussi en train de travailler sur une autre série de dessin animé, mais pour l’instant je ne peux pas en dire plus. En tout cas, on a plusieurs choses dans les tuyaux. On a un très très beau partenariat qui s’est mis en place avec Dwarf Labs Animation qui est une société basée à Montpellier, dont les gens qui y travaillent sont extrêmement compétents. Ce sont des anciens de Weta et de Dreamworks. Ce sont des gens qui croient en nous et nous, on adore le boulot qu’ils font. On est en train de travailler sur un projet de série télé et un projet de long métrage animé avec eux. Donc, il y a de belles choses à venir.

  • Est-ce que vous comptez ouvrir Termites Factory à d’autres personnes que vous et à d’autres projets ?

Bien sûr. L’objectif c’est d’exploiter les idées que l’on a au départ pour se lancer et de profiter des réponses positives et de l’accueil que l’on a pour grossir. Mais on espère que l’année prochaine et l’année prochaine ça vient vite. On va pouvoir effectivement recruter du monde, car on aura besoin de support, de soutien, notamment au niveau du design, du graphisme et probablement un peu d’écriture. Donc évidemment, à ce moment-là, on sera tout à fait ouvert à proposer des projets qui viennent de l’extérieur et qu’on pourrait accompagner dans le développement transmédia, en apportant du coup notre expérience, notre vision et puis notre réseau.