
Si l’on devait résumer l’idée générale de The Leftovers, ce serait un voyage à travers les grandes étapes du deuil. Le deuil d’un monde qui a perdu 2% de sa population. Le deuil des familles, et des amis, qui n’ont pas pu dire au revoir à leurs proches disparus brusquement. Mais aussi le deuil de ceux qui restent, sans savoir pourquoi, et qui doivent apprendre à continuer à vivre dans un monde qu’ils ne comprennent plus.
Tout ceci fut très bien traité dans les deux premières saisons de la série, qui auraient pu se suffire à elles-mêmes, puisqu’elles se concluaient sur l’acceptation de Kevin Garvey, Nora Durst et leurs proches que la vie doit toujours trouver son chemin, malgré les malheurs qui nous entourent, et qu’il faut se laisser aller devant l’inévitable et l’incontrôlable. Mais, loin d’être inutile, la troisième saison, qui vient de se conclure, se permet de se reposer sur ce qui a été bâti pendant ces vingt premiers épisodes, pour pousser l’aventure personnelle encore plus loin.
Plus intimiste, cette troisième saison repose quasiment complètement sur ses deux héros principaux , Kevin Garvey et Nora Durst ou plutôt sur leurs incroyables interprètes que sont Justin Theroux et Carrie Coon. Deux personnages brisés et qui tentent de se reconstruire ensemble, mais ne parviennent pas à dépasser leurs douleurs les plus profondes, malgré leur faux bien-être apparent. Leur catharsis n’est pas terminée, et à l’instar des téléspectateurs, il leur faudra huit épisodes pour parvenir à trouver le fin mot de leur histoire.
Dépassant la thématique du deuil, cette troisième saison prend le parti de traiter d’un sujet qui pourrait paraître délicat, car perçu comme religieux, mais parvient à garder un équilibre de funambule dans son traitement : on parle ici de la foi. Mais pas seulement la foi en un dieu, ou en quelque chose de supérieur. La foi en soi, la foi en l’autre, la foi en la vie. La foi qui est placé comme élément essentiel de l’être humain pour réussir à vivre pleinement sa vie. Car à quoi bon survivre si on n’accepte pas que la vie mérite d’être vécue, malgré les blessures qu’elle nous inflige. C’est d’ailleurs pourquoi Nora (Carrie Coon**), qui a perdu toute sa famille et est présentée comme le personnage le plus tristement cynique de la série, vole cette saison la vedette au reste du casting pourtant en grande forme.
S’adressant à ses spectateurs à travers un message à double sens, The Leftovers nous laisse avec la question suivante : les réponses aux grandes questions de la vie nous apporteraient-elles vraiment quelque chose ? Ou est-ce que ce sont les autres, et nos moments passés avec eux qui nous aident à avancer ?
* Le premier et le dernier épisode de cette troisième saison sont respectivement intitulés L’évangile selon Kévin et L’évangile selon Nora.
** Qu’on lui donne toutes les récompenses possibles.