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Critique - L'Ours et le Rossignol (Katherine Arden) : Un conte froid et surprenant

Par Louis - CINAK
3 min 27 juin 2020
Critique - L'Ours et le Rossignol (Katherine Arden) : Un conte froid et surprenant
On a aimé
- Les créatures russes
On n'a pas aimé
- Une partie fantastique en demi teinte

Katherine Arden, connue pour ses sagas de fantasy historique, nous offre le premier tome de Winternight. Sous sa plume, cette trilogie mêlera cruauté, religion et poésie avec en toile de fonds les mystérieux contes russes. Le dernier tome de la trilogie est sorti chez Denoël malgré notre cher confinement passé et Folio SF nous propose ce tome en version poche pour s’immerger dans cette série fascinante.

Vassia est la dernière fille d’un boyard, un de ses grands seigneurs du Nord de la Russie moyenâgeuse. Elle a nombre de frères et sœurs et son père règne en maître sur sa région, loin de la grande Moscou et des complots des princes. Vassia est unique (ou presque) car elle est la seule à voir les démons des bois et les esprits du foyer. Evidemment, elle a appris à la dure que révéler ce secret la ferait passer pour une sorcière, au temps où le Dieu chrétien est partout dans les esprits. Un jour elle fait la rencontre d’un homme endormi sous un chêne qui tentera de l’enlever, mais sera sauvée par un cavalier noir, comme celui dans les contes que sa mère de substitution, Dounia, lui raconte pour passer l’hiver. Cette rencontre jalonnera l’entièreté du récit par de petites touches magiques qui nous feront entrevoir un univers riche et féerique.

Parce que oui, qui dit fantasy historique dit peu de magie. Cette magie est bien présente mais distillée dans la vie quotidienne de Vassia et de sa fratrie. Katherine Arden maîtrise l’art de nous surprendre avec sa fantasy russe qui est invisible au plus grand nombre mais qui les défendra ou leur voudra du mal. L’ambition de l’autrice frise presque avec le fantastique, au début du roman, pour une explosion de magie et de créatures surprenantes dans un final mémorable.

En effet, Dieu est arrivé dans ces contrées païennes reculées. Il chasse lentement le pouvoir de ces créatures que les paysans d’autrefois vénéraient. Vassia est le témoin de ces changements, suite à la venue du Père Konstantin, prêcheur fanatique de la capitale. Katherine Arden se fait la défenseure de ces anciens rites du quotidien de cette foi païenne. Les hommes ne croient plus en leurs esprits du foyer et doivent en payer le prix. Ils s’affaiblissent de jour en jour, menaçant les datcha et moissonnant les plus faibles. Leur malheur en est presque touchant car ils s’éteignent seuls et silencieusement.  

L’Ours et le Rossignol nous introduit une fantasy pour l’instant inexploitée : les contes du nord. Katherine Arden nous ouvre un monde inconnu, froid et sombre. Ces contes sont cruels mais d’une cruauté cette fois humaine, et ce sont les monstres qui en font les frais. Le style de l’autrice nous transporte au cœur de l’hiver pour assister à la fin d’un monde, celui des légendes. J’attends avec impatience la suite que je vais m’empresser d’acheter en ces temps propices à la lecture !