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Critique - Le Grand Jeu (Benjamin Lupu) : Un casse dans une Constantinople steampunk !

Par Louis - CINAK
3 min 4 mars 2021
Critique - Le Grand Jeu (Benjamin Lupu) : Un casse dans une Constantinople steampunk !
On a aimé
- La franche camaraderie de la "Bande"
- Un beau voyage à Istanbul
On n'a pas aimé
- Le peu d'éléments steampunk dans les premières pages

L’Alliance construisait déjà des dirigeables de moindre envergure depuis des années, mais le sultan avait l’ambition de concurrencer les streloks russes, maîtres incontestés des airs. La vision des dirigeables de guerre du Nouvel Empire flottant au-dessus de la Corne d’or le hantait sans relâche

Historien de formation et passionné d’archéologie et des littératures de l’imaginaire, Benjamin Lupu est l’auteur d’une série de nouvelles sur Internet et surtout il est l'un des co-auteurs avec Pierre Pevel (Haut-Royaume, Paris des Merveilles) des Contes et Récits du Paris des Merveilles (aux Editions Bragelonne) ! Avec cette même maison d'édition, il nous offre ici une Histoire réinventée mêlant steampunk et espionnage dans une Istanbul industrielle.

 

Imaginée une Europe, en 1885, où l’Angleterre et la France sont réunis sous « l’Alliance » et que la Russie est un empire industriel gigantesque (de l’Allemagne à la Sibérie). Les zeppelins volent dans le ciel et les ouvriers utilisent des mécas pour travailler. Un beau bond technologique steampunk comme on les aime ! Au milieu de tout ça, l’Empire Ottoman cherche à survivre et rattraper son retard. Russes et Européens jouent avec le sultan à un jeu d’espions et d’ambassades pour maintenir leur influence au Moyen-Orient : c’est le Grand Jeu.

 

Dans ce contexte, arrive la bande de cambrioleurs de Martina Krelinkova, qui a déjà quelques beaux « coups » à son actif, notamment (suspens suspens) le vol d’un singe mi-automate mi-vivant ! Et là, ses envies se tournent vers le plus beau joyau du sultanat, le Shah !  Mais Martina, originaire d’Istanbul, découvre rapidement que sa sœur a disparu et retrouve d’anciens amis/concurrents voleurs. La situation se complique donc rapidement pour elle et ses amis, mais pas pour le lecteur !

 

Sur fond de complot et de préparation au plus gros casse de l’histoire, les scènes d’actions s’enchaînent sans en faire un livre d’aventure pur. Mon seul regret est le manque d’éléments steampunk dans les premières pages du Grand Jeu. Les descriptions d’Istanbul font voyagées mais j’aurais aimé y voir plus de références aux zeppelins, aux méca dès le début… Par moments, les premières pages font plus penser à un livre d’espionnage à la Arsène Lupin avec ses touches aristo en pleine révolution industrielle qu’à un roman steampunk. Il faut attendre un combat clandestin de mécas pour sentir la pleine puissance de l’univers !  Passez ce moment-clé, l’univers et l’ambiance changent du tout au tout. Mais je vous laisse découvrir (suspens suspens 😉)           

                                              Famous Istanbul paintings on auction | Daily Sabah

L’intrigue se ramifie très rapidement mais c’est là que le style de Benjamin Lupu est surprenant pour un auteur si nouveau. A aucun moment, on ne se perd dans les histoires. Tout est fluide et les éléments bien amenés. On devine facilement où l’auteur veut nous guider (tout en gardant une bonne dose de surprise !). Et les histoires personnelles sont esquissées tout en servant le récit. Il est rare de trouver un roman qui, dans la centaine de pages, nous offre une palette aussi variée de personnages tout en nous les rendant attachants. Point clé du récit et qui fait le ciment entre les personnages, on sent une franche camaraderie entre tous les éléments du groupe. Comme dans un Locke Lamora de Scott Lynch, on se sent attirer par cette bande d’amis prête à tout pour accomplir de grandes choses ensembles tout en se soutenant les uns les autres.

 

Le passage sur Charles Junod, ce créateur d’automates un peu fou qui est à l’origine du singe cyborg, est un vrai plaisir de lecture ! Ce passage est un bel hommage à ce qui se fait de mieux dans le steampunk, tout ça racontait à la manière des maîtres de piste de cirque qui nous présenterait un spectacle de fauves mais qui là sont des cyborgs ! L’inspiration Belle Epoque est immersive et on sent tout l’amour que peut avoir l’auteur pour cette période, ce qui se ressent dans notre plaisir de lecture !

 

Le Grand Jeu est un vrai voyage dans une ambiance Belle Epoque orientale avec une bonne dose d’aventures. La lecture est réellement addictive et vous passerez un vrai moment d’évasion au côté de cette bande attachante de cambrioleurs. Pour son premier roman steampunk, Benjamin Lupu réalise un vrai tour de force en nous brossant une belle histoire servie par un beau casting de héros.

 


Sur le site de l’éditeur : https://www.bragelonne.fr/catalogue/9791028121686-le-grand-jeu/

Où le commander : https://livre.fnac.com/a15186630/Benjamin-Lupu-Le-Grand-Jeu#omnsearchpos=1

Crédit illustration : Benjamin Carré pour les Editions Bragelonne