
Pils et les fées sauce Karim
Berrouka : « Au-dessus de lui, cinq
créatures abominables, sorte de baudruches gélatineuses poilues mues par
plusieurs paires d’ailes translucides »
Karim Berrouka est un auteur
de fantasy humoristique sur lequel il faut compter. Avec une écriture qu’on
croirait parfois sous acide, il nous pond des romans délirants et funs. Avec le prix Julia Verlanger en poche pour son Club des punks contre
l’apocalypse zombie, chacun de ses récits sont pétillants et mettent en
scènes des personnages aux comportements parfois absurdes. Le jour où
l’humanité a niqué la fantasy n’y fait pas exception.
L’introduction brosse
l’intrigue en quelques pages : les lutins ne sont ni petits ni sympas,
les fées ne sont ni gracieuses, ni bienveillantes. Dès le début, un lutin
commet un attentat suicide contre des humains. Tandis que d’autres s’attaquent
aux auteurs de la fantasy pour les « rééduquer » ! Ces faux
petits bonhommes ne sont que la première vague d’une invasion féérique qui vise
à rétablir la vérité sur leurs personnes. Saupoudré le tout de deux copines perdues,
d’un duo à la X-Files, d’un groupe de punks et d’un Gardien des
réalités amnésique et possédé par un démon, et vous obtenez un cocktail
des plus rafraîchissants !
A cela s’ajoute l’histoire de trois
jeunes punks dans les années 80 qui se rendent dans un festival où il ne fait
pas bon de traîner dans la forêt… car on peut y croiser des fées obèses
et qui cherchent à vous féconder par tous les moyens. Tous les personnages
mènent plus ou moins l’enquête et tentent d’empêcher l’apocalypse féérique
à venir. Bon… les créatures sont tellement des boulets que les
« héros » n’ont pas grand-chose à faire… Ce livre casse nos repères
et veut détruire les codes sacrés de la fantasy et ça marche ! Je
me suis rapidement pris au jeu et j’attendais avec impatience ce qu’allait nous
proposer l’auteur pour décrire les licornes, les djinns…
Je tiens à dire que les premières
pages m’ont fait exploser de rire. Puis vient le langage loufoque et
absurde des lutins et le personnage de Saint-Christophe, le Gardien des
Réalités, qui se perd dans des digressions et mène des dialogues avec son autre
Moi, le démon - le tout amène à des situations parfois délirantes pour les
autres personnages. Le Saint est clairement le type paumé de l’histoire, tandis
que le démon veut tout détruire... Les passages avec les punks sont du même acabit
et sont de vrais moments de détente (pour nous, pas pour eux !). Drogués
ou bourrés, ils se surprennent à faire des choses épiques !
Ce roman plaira aux fans de la
fantasy qui riront bien au dépend du bestiaire du genre et retrouveront des archétypes
de personnages tournés en ridicule. Je le déconseille donc aux gens qui
découvrent le genre de la fantasy. A mon sens, le livre les fera moins sourire... Le cynisme
de Karim Berrouka fait mouche quand certaines situations ont déjà été vues et
revues chez d’autres auteurs. Autre point qui peut rebuter, les termes sont
parfois vulgaires (rarement mais cela peut en choquer certains), je préfère
prévenir !
Le jour où l’humanité a
niqué la fantasy est un bon roman de fantasy humoristique avec son lot de
situations absurdes et hilarantes. Casser les codes de la fantasy en
s’attaquant aux créatures elles-mêmes est un beau pied de nez à la Fantasy du
moment ! Idée parfaitement portée par le style de Karim Berrouka !
(Retrouvez
bientôt une interview de l’auteur !)
Sur le site de l’éditeur : https://www.editions-actusf.fr/a/anonyme/le-jour-ou-l-humanite-a-nique-la-fantasy
Où le trouver : https://livre.fnac.com/a14927351/Karim-Berrouka-Le-jour-ou-l-humanite-a-nique-la-Fantasy
Crédit illustration : Diego
Flavio Tripodi